Non, le CBD n’est pas psychoactif!

Comprendre les différences entre le CBD et le THC et démystifier les idées reçues

Introduction

Au cours des dernières années, le cannabidiol (CBD) a connu une popularité croissante en tant que complément alimentaire et remède naturel pour diverses affections. Cependant, certaines personnes hésitent encore à l’essayer en raison de la confusion persistante autour de ses effets psychoactifs, ou de l’absence de ceux-ci. Dans cet article, nous allons dissiper les mythes et expliquer pourquoi le CBD n’est pas psychoactif, contrairement à son cousin plus célèbre, le tétrahydrocannabinol (THC).

I. Qu’est-ce que le CBD et comment agit-il?

Le CBD: une brève présentation

Le CBD est l’un des nombreux cannabinoïdes présents dans la plante de cannabis. Il est extrait principalement du chanvre, une variété de cannabis spécialement cultivée pour contenir des concentrations élevées de CBD et des niveaux très faibles de THC (World Health Organization, 2018). Le CBD est disponible sous diverses formes, telles que les huiles, les capsules, les crèmes et les produits comestibles.

Comment le CBD interagit-il avec le corps?

Les effets du CBD sont principalement dus à son interaction avec le système endocannabinoïde (SEC) du corps. Le SEC est un système de signalisation cellulaire qui joue un rôle clé dans la régulation de diverses fonctions biologiques, telles que la douleur, l’humeur, le sommeil et l’appétit (Pertwee, 2008). Le CBD se lie aux récepteurs CB1 et CB2 du SEC, mais avec une affinité beaucoup plus faible que le THC (Zou & Kumar, 2018). Cette différence d’affinité pour les récepteurs est cruciale pour comprendre pourquoi le CBD n’est pas psychoactif.

Approfondir: Qu’est-ce que le système endocannabinoïde ?

Les autres composés du cannabis

Outre le CBD et le THC, il existe de nombreux autres composés présents dans la plante de cannabis, notamment d’autres cannabinoïdes, terpènes et flavonoïdes. Ces composés peuvent interagir les uns avec les autres pour produire un effet synergique appelé « effet d’entourage » (Russo, 2011). Cela signifie que les effets du CBD peuvent être modulés par la présence d’autres composés du cannabis, ce qui pourrait potentiellement améliorer ou modifier ses propriétés thérapeutiques.

Approfondir: Combien existe-t-il de cannabinoïdes dans la plante de cannabis ?

II. Le THC et ses effets psychoactifs

Le THC: une brève présentation

Le THC est le principal composé psychoactif du cannabis. Il est responsable des effets « planants » ou euphoriques souvent associés à la consommation de marijuana. Comme le CBD, le THC interagit également avec le SEC, mais il le fait d’une manière qui provoque des effets psychoactifs (Pertwee, 2008).

Comment le THC provoque-t-il des effets psychoactifs?

Le THC se lie aux récepteurs CB1 avec une affinité beaucoup plus élevée que le CBD (Zou & Kumar, 2018). Lorsque le THC se lie aux récepteurs CB1, il déclenche une cascade de réactions cellulaires qui conduisent à une augmentation de la libération de dopamine dans le cerveau, provoquant des sensations d’euphorie et de bien-être (Volkow et al., 2014). Cette action sur les récepteurs CB1 est à l’origine des effets psychoactifs du THC.

Les effets secondaires potentiels du THC

Bien que le THC puisse offrir certains avantages thérapeutiques, comme la réduction de la douleur et de l’inflammation, il est également associé à divers effets secondaires indésirables. Certains de ces effets secondaires incluent la paranoïa, l’anxiété, la somnolence, la sécheresse buccale et les problèmes de mémoire (Volkow et al., 2014). Ces effets secondaires peuvent être particulièrement problématiques pour les personnes sensibles aux effets psychoactifs du THC ou celles qui ont des antécédents de troubles psychiatriques.

III. Pourquoi le CBD n’est-il pas psychoactif?

Le CBD et les récepteurs CB1

Comme mentionné précédemment, le CBD se lie aux récepteurs CB1 avec une affinité beaucoup plus faible que le THC (Zou & Kumar, 2018). Cette faible affinité signifie que le CBD n’est pas capable de déclencher les mêmes réactions cellulaires que le THC, et donc, il ne provoque pas d’effets psychoactifs. De plus, certaines études ont montré que le CBD peut même agir comme un antagoniste des récepteurs CB1, inhibant l’activité du THC et réduisant ainsi ses effets psychoactifs (Laprairie et al., 2015).

Approfondir: Tout savoir sur le récepteur CB1: Une exploration détaillée

Les autres mécanismes d’action du CBD

Le CBD possède également d’autres mécanismes d’action qui contribuent à ses effets thérapeutiques sans provoquer de psychoactivité. Par exemple, il a été démontré que le CBD interagit avec d’autres récepteurs du cerveau, tels que les récepteurs de la sérotonine (5-HT1A), impliqués dans la régulation de l’humeur et de l’anxiété (Russo et al., 2005). De plus, le CBD semble également agir comme un modulateur allostérique négatif des récepteurs GABA, ce qui pourrait expliquer ses propriétés anticonvulsivantes (Bialer et al., 2018).

IV. Les avantages thérapeutiques du CBD sans psychoactivité

Le fait que le CBD n’est pas psychoactif est un avantage majeur pour de nombreuses personnes qui cherchent à bénéficier de ses propriétés thérapeutiques sans les effets indésirables liés à la psychoactivité du THC. Parmi les avantages potentiels du CBD, on trouve:

  1. Le soulagement de la douleur: Le CBD a été étudié pour ses propriétés analgésiques, et certaines recherches suggèrent qu’il pourrait être utile pour soulager divers types de douleurs, y compris les douleurs neuropathiques et inflammatoires (Xiong et al., 2012).
  2. L’anxiété et le stress: Plusieurs études ont montré que le CBD pourrait aider à réduire l’anxiété et le stress, tant chez les personnes souffrant de troubles anxieux que chez celles confrontées à des situations stressantes ponctuelles (Blessing et al., 2015).
  3. Les troubles du sommeil: Le CBD pourrait aider à améliorer la qualité du sommeil et à réduire l’insomnie en agissant sur les récepteurs de la sérotonine et en régulant le cycle veille-sommeil (Murillo-Rodríguez et al., 2006).
  4. L’inflammation et les maladies auto-immunes: Le CBD possède des propriétés anti-inflammatoires qui pourraient être bénéfiques pour les personnes souffrant de maladies inflammatoires chroniques ou de troubles auto-immuns (Nagarkatti et al., 2009).
  5. Les troubles neurologiques: Le CBD a démontré des effets neuroprotecteurs et pourrait être utile dans le traitement de divers troubles neurologiques, tels que la maladie de Parkinson, la sclérose en plaques et l’épilepsie (Fernández-Ruiz et al., 2013).
  6. La santé cardiovasculaire: Le CBD pourrait avoir un impact positif sur la santé cardiovasculaire en réduisant l’inflammation, la tension artérielle et le stress oxydatif (Rajesh et al., 2010).

V. La légalité et la régulation du CBD

Dans de nombreux pays, le CBD est légal à condition qu’il soit extrait du chanvre et contienne moins de 0,2 % ou 0,3 % de THC, selon les régulations locales (World Health Organization, 2018). Cependant, il est important de noter que la législation sur le CBD varie d’un pays à l’autre, et il est essentiel de se renseigner sur les lois en vigueur avant d’acheter ou de consommer des produits à base de CBD.

Conclusion

En résumé, le CBD n’est pas psychoactif, contrairement au THC. Le CBD interagit avec le système endocannabinoïde et d’autres récepteurs du cerveau de manière différente que le THC, ce qui lui confère des avantages thérapeutiques sans provoquer d’effets psychoactifs. Cette absence de psychoactivité rend le CBD attrayant pour ceux qui cherchent à bénéficier de ses effets thérapeutiques sans les inconvénients associés au THC.

Références

Bialer, M., et al. (2018). ‘Cannabidiol: An Overview of Some Chemical and Pharmacological Aspects. Part I: Chemical Aspects’, Chemistry & Biodiversity, 15(1), e1700432.

Blessing, E. M., et al. (2015). ‘Cannabidiol as a Potential Treatment for Anxiety Disorders’, Neurotherapeutics, 12(4), pp. 825-836.

Fernández-Ruiz, J., et al. (2013). ‘Cannabidiol for neurodegenerative disorders: important new clinical applications for this phytocannabinoid?’, British Journal of Clinical Pharmacology, 75(2), pp. 323-333.

Laprairie, R. B., et al. (2015). ‘Cannabidiol is a Negative Allosteric Modulator of the Cannabinoid CB1 Receptor’, British Journal of Pharmacology, 172(20), pp. 4790-4805.

Murillo-Rodríguez, E., et al. (2006). ‘Anandamide Enhances Extracellular Levels of Adenosine and Induces Sleep: An In Vivo Microdialysis Study’, Sleep, 29(12), pp. 1626-1634.

Nagarkatti, P., et al. (2009). ‘Cannabinoids as novel anti-inflammatory drugs’, Future Medicinal Chemistry, 1(7), pp. 1333-1349.

Pertwee, R. G. (2008). ‘The Diverse CB1 and CB2 Receptor Pharmacology of Three Plant Cannabinoids: Δ9-Tetrahydrocannabinol, Cannabidiol and Δ9-Tetrahydrocannabivarin’, British Journal of Pharmacology, 153(2), pp. 199-215.

Rajesh, M., et al. (2010). ‘Cannabidiol attenuates high glucose-induced endothelial cell inflammatory response and barrier disruption’, American Journal of Physiology-Heart and Circulatory Physiology, 293(1), pp. H610-H619.

Russo, E. B., et al. (2005). ‘Agonistic Properties of Cannabidiol at 5-HT1a Receptors’, Neurochemical Research, 30(8), pp. 1037-1043.

Russo, E. B. (2011). ‘Taming THC: potential cannabis synergy and phytocannabinoid-terpenoid entourage effects’, British Journal of Pharmacology, 163(7), pp. 1344-1364.

Volkow, N. D., et al. (2014). ‘Adverse Health Effects of Marijuana Use’, New England Journal of Medicine, 370(23), pp. 2219-2227.

World Health Organization. (2018). ‘Cannabidiol (CBD): Critical Review Report’, Expert Committee on Drug Dependence, Forty-first Meeting, Geneva, 12-16 November 2018.

Xiong, W., et al. (2012). ‘Cannabinoids Suppress Inflammatory and Neuropathic Pain by Targeting α3 Glycine Receptors’, Journal of Experimental Medicine, 209(6), pp. 1121-1134.

Zou, S., & Kumar, U. (2018). ‘Cannabinoid Receptors and the Endocannabinoid System: Signaling and Function in the Central Nervous System’, International Journal of Molecular Sciences, 19(3), 833.

Partager l'article :

Laisser un commentaire