Comment le CBD booste-t-il le système immunitaire?

La recherche médicale a récemment mis en lumière le potentiel thérapeutique du cannabidiol, plus couramment appelé CBD, qui est un composé phytochimique présent dans le cannabis sativa. Il est reconnu que le CBD, contrairement au delta-9-tétrahydrocannabinol (THC), un autre cannabinoïde, n’induit pas d’effet psychoactif, c’est-à-dire qu’il ne provoque pas de « high » (Blessing et al., 2015). Cette caractéristique a permis à la recherche de se concentrer sur ses effets potentiels dans le traitement de diverses conditions médicales, y compris celles liées au système immunitaire.

Comprendre le système immunitaire

Avant de comprendre comment le CBD peut potentiellement booster notre système immunitaire, il est essentiel de comprendre ce qu’est le système immunitaire et comment il fonctionne. Le système immunitaire est un réseau complexe de cellules, de tissus et d’organes qui travaillent ensemble pour protéger le corps contre les attaques de substances étrangères, comme les bactéries, les virus et les cellules cancéreuses. Il comprend l’immunité innée, qui est notre première ligne de défense et qui réagit rapidement aux agents pathogènes, et l’immunité adaptative, qui est spécifique à l’agent pathogène et conserve une mémoire des attaques précédentes pour une réponse plus efficace lors des rencontres ultérieures (Murphy et Weaver, 2016).

L’interaction du CBD avec le système endocannabinoïde

L’interaction principale du CBD se produit avec le système endocannabinoïde (SEC), un système biologique crucial dans le corps humain. Le SEC joue un rôle essentiel dans la régulation de diverses fonctions physiologiques, dont l’immunité. Il est composé de récepteurs cannabinoïdes (principalement CB1 et CB2), de ligands endogènes (endocannabinoïdes) et des enzymes responsables de leur synthèse et dégradation. Les récepteurs CB2 sont particulièrement présents dans les cellules du système immunitaire, ce qui suggère un rôle clé du SEC dans la régulation de l’immunité (Sharir et Abood, 2010).

Bien que le CBD ait une faible affinité pour les récepteurs CB1 et CB2, il modifie l’activité du SEC par plusieurs mécanismes indirects. Par exemple, il inhibe l’enzyme FAAH (fatty acid amide hydrolase), qui dégrade l’anandamide, un endocannabinoïde naturel. Cela conduit à des niveaux plus élevés d’anandamide, qui peut alors interagir avec les récepteurs cannabinoïdes et moduler l’immunité (Bisogno et al., 2001).

Approfondir: Qu’est-ce que le système endocannabinoïde ?

Le CBD et la régulation de la réponse immunitaire

La régulation de la réponse immunitaire est un aspect clé de la façon dont le CBD peut potentiellement booster le système immunitaire. Le CBD a des propriétés immunomodulatrices, c’est-à-dire qu’il peut aider à réguler la réponse immunitaire. Les recherches suggèrent qu’il influence la production de cytokines, des protéines qui jouent un rôle crucial dans la communication entre les cellules immunitaires. Certaines cytokines sont pro-inflammatoires, c’est-à-dire qu’elles favorisent l’inflammation, tandis que d’autres sont anti-inflammatoires, c’est-à-dire qu’elles réduisent l’inflammation. Des recherches suggèrent que le CBD peut réduire la production de cytokines pro-inflammatoires, tout en augmentant la production de cytokines anti-inflammatoires. Cette modulation pourrait aider à réduire l’inflammation et à améliorer la réponse immunitaire (Nichols et Kaplan, 2020).

Le CBD peut également influencer les cellules T, qui jouent un rôle clé dans l’immunité adaptative. Elles sont responsables de l’identification et de l’élimination des cellules infectées par des virus ou des bactéries, ainsi que des cellules cancéreuses. Des recherches préliminaires suggèrent que le CBD peut influencer la fonction des cellules T, bien que la nature exacte de cet effet nécessite encore des recherches supplémentaires (Kaplan et al., 2008).

Le CBD et les maladies auto-immunes

Les maladies auto-immunes sont des conditions dans lesquelles le système immunitaire attaque par erreur les propres cellules de l’organisme. Le CBD pourrait avoir un potentiel thérapeutique dans le traitement de ces conditions en raison de ses effets immunomodulateurs. Par exemple, des études sur des modèles animaux de sclérose en plaques, une maladie auto-immune qui affecte le système nerveux central, ont montré que le CBD peut réduire l’inflammation et améliorer les symptômes de la maladie (Kozela et al., 2011).

De même, une étude sur des souris atteintes de polyarthrite rhumatoïde, une autre maladie auto-immune, a montré que le CBD peut réduire l’inflammation et la douleur associées à la maladie (Malfait et al., 2000). Cependant, il est important de noter que des recherches supplémentaires sur l’homme sont nécessaires pour confirmer ces résultats et déterminer le dosage optimal et le mode d’administration du CBD dans ces conditions.

Sécurité et considérations légales du CBD

Il est crucial de noter que, bien que le CBD soit généralement bien toléré, il peut interagir avec certains médicaments et présenter des effets secondaires chez certaines personnes. Par conséquent, si vous envisagez d’utiliser le CBD pour améliorer votre système immunitaire ou pour toute autre raison de santé, il est recommandé de consulter d’abord un professionnel de la santé.

La légalité du CBD varie également selon les juridictions, et il est important pour les utilisateurs de comprendre les lois locales concernant son utilisation. Dans certains pays, le CBD est considéré comme une substance contrôlée et son utilisation est strictement réglementée. Dans d’autres, il est largement disponible et peut être acheté sans ordonnance. Il est donc essentiel de s’informer correctement avant d’acheter et d’utiliser du CBD.

Conclusion et perspectives futures

Les recherches actuelles suggèrent que le CBD a le potentiel d’améliorer la fonction immunitaire grâce à ses propriétés immunomodulatrices. Cela pourrait avoir des implications importantes pour le traitement de diverses conditions de santé, y compris les maladies auto-immunes et les maladies inflammatoires. Cependant, il est important de noter que la recherche en est encore à ses débuts et que de nombreuses questions restent sans réponse.

Par exemple, nous ne comprenons pas encore pleinement comment le CBD interagit avec le système immunitaire à un niveau moléculaire, ni comment ces interactions se traduisent en effets cliniques. De plus, bien que certaines études aient montré des effets positifs du CBD sur des modèles animaux de maladies auto-immunes, ces résultats doivent encore être confirmés par des essais cliniques chez l’homme.

Malgré ces défis, le potentiel du CBD en tant qu’agent immunomodulateur est indéniable. Alors que la recherche continue de progresser, il est possible que nous découvrions de nouvelles façons d’utiliser le CBD pour améliorer la santé et le bien-être humains. En attendant, il est essentiel de continuer à éduquer le public et les professionnels de la santé sur les avantages potentiels et les risques associés à l’utilisation du CBD.

Références

  1. Blessing, E. M., Steenkamp, M. M., Manzanares, J., & Marmar, C. R. (2015). Cannabidiol as a potential treatment for anxiety disorders. Neurotherapeutics, 12(4), 825–836.
  2. Murphy, K., & Weaver, C. (2016). Janeway’s immunobiology (9th ed.). New York, NY: Garland Science.
  3. Sharir, H., & Abood, M. E. (2010). Pharmacological characterization of GPR55, a putative cannabinoid receptor. Pharmacology & therapeutics, 126(3), 301–313.
  4. Bisogno, T., Hanuš, L., De Petrocellis, L., Tchilibon, S., Ponde, D. E., Brandi, I., … & Di Marzo, V. (2001). Molecular targets for cannabidiol and its synthetic analogues: effect on vanilloid VR1 receptors and on the cellular uptake and enzymatic hydrolysis of anandamide. British journal of pharmacology, 134(4), 845-852.
  5. Nichols, J. M., & Kaplan, B. L. F. (2020). Immune Responses Regulated by Cannabidiol. Cannabis and Cannabinoid Research, 5(1), 12–31.
  6. Kaplan, B. L., Springs, A. E., & Kaminski, N. E. (2008). The profile of immune modulation by cannabidiol (CBD) involves deregulation of nuclear factor of activated T cells (NFAT). Biochemical pharmacology, 76(6), 726-737.
  7. Kozela, E., Lev, N., Kaushansky, N., Eilam, R., Rimmerman, N., Levy, R., … & Vogel, Z. (2011). Cannabidiol inhibits pathogenic T cells, decreases spinal microglial activation and ameliorates multiple sclerosis‐like disease in C57BL/6 mice. British journal of pharmacology, 163(7), 1507-1519.
  8. Malfait, A. M., Gallily, R., Sumariwalla, P. F., Malik, A. S., Andreakos, E., Mechoulam, R., & Feldmann, M. (2000). The nonpsychoactive cannabis constituent cannabidiol is an oral anti-arthritic therapeutic in murine collagen-induced arthritis. Proceedings of the National Academy of Sciences, 97(17), 9561-9566.

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