Comment le CBD rétablit-il l’homéostasie du corps?

Le cannabidiol (CBD) est un composé chimique naturel qui provient de la plante de cannabis. Au cours des dernières années, il a gagné en popularité en raison de ses propriétés thérapeutiques potentielles et de ses effets bénéfiques sur l’équilibre du corps, appelé homéostasie. Le CBD est devenu un sujet d’intérêt pour les chercheurs et les consommateurs, avec un nombre croissant d’études et de produits de CBD disponibles sur le marché. Cet article explorera comment le CBD contribue à rétablir l’homéostasie du corps, en se basant sur des recherches scientifiques, et expliquera pourquoi cette capacité est si importante pour la santé et le bien-être.

I. Homéostasie et système endocannabinoïde

Définition de l’homéostasie

L’homéostasie est un état d’équilibre dynamique qui permet à notre corps de fonctionner de manière optimale. Elle implique le maintien de la stabilité des différentes fonctions physiologiques, telles que la température corporelle, la pression sanguine, l’équilibre des fluides et des électrolytes, ainsi que la concentration des substances chimiques dans le sang (Bouayed et Bohn, 2010). L’homéostasie est essentielle pour la santé et la survie, car elle permet au corps de s’adapter aux changements environnementaux et internes, tels que le stress, les infections et les variations de l’apport alimentaire.

Système endocannabinoïde et homéostasie

Le système endocannabinoïde (SEC) est un système biologique complexe composé de récepteurs, d’enzymes et de molécules signalisatrices, appelées endocannabinoïdes. Ce système joue un rôle crucial dans la régulation de l’homéostasie et est impliqué dans diverses fonctions corporelles, telles que la mémoire, l’appétit, l’humeur, la douleur et l’inflammation (Alger, 2013).

Le SEC comprend principalement deux types de récepteurs : les récepteurs CB1 et CB2. Les récepteurs CB1 sont principalement présents dans le cerveau et le système nerveux central, tandis que les récepteurs CB2 se trouvent principalement dans les cellules du système immunitaire et les tissus périphériques (Pertwee, 2008). Les endocannabinoïdes, tels que l’anandamide et le 2-arachidonoylglycérol (2-AG), sont produits par le corps et agissent comme des messagers chimiques pour réguler divers processus physiologiques en se liant aux récepteurs CB1 et CB2.

Approfondir: Qu’est-ce que le système endocannabinoïde ?

II. Le CBD et l’homéostasie

Mécanismes d’action du CBD

Le CBD est un cannabinoïde non psychoactif qui agit principalement en modulant le système endocannabinoïde. Contrairement au tétrahydrocannabinol (THC), le principal composé psychoactif du cannabis, le CBD a une affinité faible pour les récepteurs CB1 et CB2, et agit principalement en inhibant la dégradation des endocannabinoïdes et en modulant d’autres récepteurs et canaux ioniques impliqués dans la régulation de l’homéostasie (Bisogno et al., 2001; Iffland et Grotenhermen, 2017).

Le CBD peut également agir comme un modulateur allostérique négatif des récepteurs CB1, modifiant leur activité sans les activer directement. En outre, le CBD inhibe les enzymes qui dégradent les endocannabinoïdes, tels que la FAAH (fatty acid amide hydrolase) et la MAGL (monoacylglycerol lipase), ce qui permet d’augmenter les niveaux d’endocannabinoïdes dans le corps et de renforcer l’homéostasie (Bisogno et al., 2001).

Effets du CBD sur la douleur et l’inflammation

Le CBD a démontré des propriétés analgésiques et anti-inflammatoires dans diverses études précliniques et cliniques. Il agit en modulant la réponse immunitaire et en réduisant la production de cytokines pro-inflammatoires, aidant ainsi à rétablir l’équilibre dans le corps (Nagarkatti et al., 2009). De plus, le CBD peut également cibler les récepteurs de la glycine pour réduire la douleur neuropathique (Xiong et al., 2012).

En outre, le CBD semble agir sur les récepteurs TRPV1 (récepteurs vanilloïdes de type 1), qui sont impliqués dans la sensation de douleur et la régulation de la température corporelle. En activant ces récepteurs, le CBD peut contribuer à réduire la douleur et l’inflammation et à améliorer la tolérance au stress thermique (Bisogno et al., 2001).

Approfondir: Le rôle du CBD dans la réduction de l’inflammation

Effets du CBD sur l’anxiété et le stress

Le CBD a montré un potentiel pour réduire l’anxiété et le stress en agissant sur les récepteurs 5-HT1A, qui sont impliqués dans la régulation de l’humeur et de la réponse au stress. Des études chez l’animal et chez l’homme ont montré que le CBD peut réduire l’anxiété induite par le stress, améliorer les symptômes du trouble de stress post-traumatique et favoriser la neurogenèse dans l’hippocampe, contribuant ainsi à rétablir l’homéostasie dans le système nerveux central (Campos et al., 2013; Blessing et al., 2015).

Approfondir: Comment le CBD réduit-il le stress ?

Effets du CBD sur le sommeil

Le CBD peut également améliorer la qualité du sommeil en modulant le cycle veille-sommeil et en réduisant l’insomnie. Des études précliniques et cliniques ont montré que le CBD peut augmenter la durée totale du sommeil et réduire la latence d’endormissement (Murillo-Rodríguez et al., 2006; Chagas et al., 2014). En rétablissant un sommeil équilibré, le CBD contribue à l’homéostasie et favorise la récupération et le bien-être général.

Approfondir: Le cannabis bouleverse-t-il nos rêves ?

Effets du CBD sur l’équilibre oxydant

Le CBD possède également des propriétés antioxydantes, ce qui signifie qu’il peut aider à protéger les cellules du corps contre les dommages causés par les radicaux libres et à rétablir l’équilibre oxydant. Les radicaux libres sont des molécules instables qui peuvent causer des dommages aux cellules et contribuer au vieillissement et aux maladies. En neutralisant ces molécules, le CBD peut aider à rétablir l’équilibre entre les antioxydants et les pro-oxydants et à maintenir la santé cellulaire (Bouayed et Bohn, 2010).

III. Considérations de sécurité et effets secondaires du CBD

Bien que le CBD soit généralement considéré comme sûr et bien toléré, il est important de tenir compte des effets secondaires potentiels et des interactions médicamenteuses. Les effets secondaires les plus courants associés à l’utilisation du CBD comprennent la fatigue, la diarrhée, les changements d’appétit et de poids, et les interactions médicamenteuses (Iffland et Grotenhermen, 2017). Il est important de consulter un professionnel de la santé avant de commencer un traitement au CBD, en particulier si vous prenez d’autres médicaments.

Conclusion

Le CBD est un cannabinoïde prometteur qui a démontré un potentiel pour rétablir l’homéostasie du corps en modulant le système endocannabinoïde et en ciblant divers récepteurs et mécanismes cellulaires. Ses propriétés analgésiques, anti-inflammatoires, anxiolytiques, neuroprotectrices et antioxydantes peuvent contribuer à rétablir l’équilibre dans le corps et à améliorer la santé et le bien-être général.

Toutefois, il est important de considérer les effets secondaires potentiels et les interactions médicamenteuses et de consulter un professionnel de la santé avant de commencer un traitement au CBD. De plus, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes d’action du CBD et pour optimiser son utilisation en tant que traitement pour diverses conditions de santé.

Références:

Alger, B. E. (2013). Getting high on the endocannabinoid system. Cerebrum: The Dana Forum on Brain Science, 14, 1-14.

Bisogno, T., Hanuš, L., De Petrocellis, L., Tchilibon, S., Ponde, D. E., Brandi, I., Moriello, A. S., Davis, J. B., Mechoulam, R., & Di Marzo, V. (2001). Molecular targets for cannabidiol and its synthetic analogues: effect on vanilloid VR1 receptors and on the cellular uptake and enzymatic hydrolysis of anandamide. British Journal of Pharmacology, 134(4), 845-852.

Blessing, E. M., Steenkamp, M. M., Manzanares, J., & Marmar, C. R. (2015). Cannabidiol as a potential treatment for anxiety disorders. Neurotherapeutics, 12(4), 825-836.

Bouayed, J., & Bohn, T. (2010). Exogenous antioxidants—Double-edged swords in cellular redox state: Health beneficial effects at physiologic doses versus deleterious effects at high doses. Oxidative Medicine and Cellular Longevity, 3(4), 228-237.

Campos, A. C., Moreira, F. A., Gomes, F. V., Del Bel, E. A., & Guimarães, F. S. (2013). Multiple mechanisms involved in the large-spectrum therapeutic potential of cannabidiol in psychiatric disorders. Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences, 367(1607), 3364-3378.

Chagas, M. H. N., Crippa, J. A. S., Zuardi, A. W., Hallak, J. E. C., Machado-de-Sousa, J. P., Hirotsu, C., Maia, L., Tufik, S., & Andersen, M. L. (2014). Effects of acute systemic administration of cannabidiol on sleep-wake cycle in rats. Journal of Psychopharmacology, 28(3), 269-276.

Iffland, K., & Grotenhermen, F. (2017). An update on safety and side effects of cannabidiol: A review of clinical data and relevant animal studies. Cannabis and Cannabinoid Research, 2(1), 139-154.

Murillo-Rodríguez, E., Millán-Aldaco, D., Palomero-Rivero, M., Mechoulam, R., & Drucker-Colín, R. (2006). Cannabidiol, a constituent of Cannabis sativa, modulates sleep in rats. FEBS Letters, 580(18), 4337-4345.

Nagarkatti, P., Pandey, R., Rieder, S. A., Hegde, V. L., & Nagarkatti, M. (2009). Cannabinoids as novel anti-inflammatory drugs. Future Medicinal Chemistry, 1(7), 1333-1349.

Pertwee, R. G. (2008). The diverse CB1 and CB2 receptor pharmacology of three plant cannabinoids: Δ9-tetrahydrocannabinol, cannabidiol and Δ9-tetrahydrocannabivarin. British Journal of Pharmacology, 153(2), 199-215.

Russo,E. B. (2011). Taming THC: potential cannabis synergy and phytocannabinoid-terpenoid entourage effects. British Journal of Pharmacology, 163(7), 1344-1364.

Xiong, W., Cui, T., Cheng, K., Yang, F., Chen, S. R., Willenbring, D., Guan, Y., Pan, H. L., Ren, K., Xu, Y., & Zhang, L. (2012). Cannabinoids suppress inflammatory and neuropathic pain by targeting α3 glycine receptors. Journal of Experimental Medicine, 209(6), 1121-1134.

Zuardi, A. W. (2008). Cannabidiol: from an inactive cannabinoid to a drug with wide spectrum of action. Revista Brasileira de Psiquiatria, 30(3), 271-280.

Partager l'article :

Laisser un commentaire