Le CBD affecte t il le cerveau ?

Introduction

Le cannabidiol (CBD) est un composé actif présent dans la plante de cannabis. Au cours des dernières années, le CBD est devenu de plus en plus populaire en tant que traitement pour diverses conditions, notamment l’anxiété, la douleur et les troubles du sommeil. Cependant, de nombreuses personnes se demandent si le CBD affecte le cerveau et, si oui, de quelle manière. Dans cet article, nous explorerons les effets du CBD sur le cerveau, en examinant les preuves scientifiques et les mécanismes biologiques sous-jacents à ces effets.

I. Comment le CBD agit-il sur le cerveau?

Interaction avec le système endocannabinoïde

Le système endocannabinoïde (ECS) est un réseau complexe de récepteurs et de neurotransmetteurs présent dans le cerveau et d’autres parties du corps. Il joue un rôle clé dans la régulation de diverses fonctions physiologiques, telles que l’humeur, l’appétit, la douleur et le sommeil (Pertwee, 2008). Les cannabinoïdes, y compris le CBD, agissent sur ce système en interagissant avec ses récepteurs, notamment les récepteurs CB1 et CB2.

Contrairement au tétrahydrocannabinol (THC), le principal composant psychoactif du cannabis, le CBD n’a pas d’affinité significative pour les récepteurs CB1, ce qui signifie qu’il ne provoque pas d’effets psychoactifs (Mechoulam et al., 2007). Cependant, il semble que le CBD module indirectement l’activité des récepteurs CB1 en inhibant l’action de l’enzyme FAAH, qui dégrade l’endocannabinoïde anandamide (Bisogno et al., 2001). En augmentant les niveaux d’anandamide, le CBD peut potentiellement influencer l’humeur, la douleur et d’autres fonctions régulées par l’ECS.

Effets sur d’autres systèmes de neurotransmetteurs

En plus de son interaction avec l’ECS, le CBD affecte également d’autres systèmes de neurotransmetteurs dans le cerveau. Par exemple, il a été démontré qu’il module l’activité des récepteurs de sérotonine, notamment le récepteur 5-HT1A, ce qui pourrait contribuer à ses effets anxiolytiques et antistress (Russo et al., 2005). Le CBD peut également interagir avec le système glutamatergique en régulant les niveaux de glutamate, un neurotransmetteur excitateur impliqué dans la plasticité synaptique, l’apprentissage et la mémoire (Kozela et al., 2017).

II. Effets du CBD sur la cognition et les fonctions cérébrales

Anxiété et stress

De nombreuses études ont examiné l’effet du CBD sur l’anxiété et le stress. Une revue systématique de 2015 a conclu que le CBD présente des propriétés anxiolytiques dans diverses conditions, telles que le trouble d’anxiété sociale, le trouble panique et le trouble d

‘anxiété généralisée (Blessing et al., 2015). Ces effets semblent être médiés par l’interaction du CBD avec le récepteur 5-HT1A de la sérotonine et le système endocannabinoïde (Campos et al., 2012).

Mémoire et apprentissage

Les effets du CBD sur la mémoire et l’apprentissage sont complexes et dépendent du dosage et du contexte. Certaines études suggèrent que le CBD pourrait améliorer la mémoire de travail et la plasticité synaptique, possiblement en modulant l’activité du système glutamatergique (Kozela et al., 2017). D’autres recherches montrent que le CBD peut atténuer les déficits de mémoire associés à la consommation de THC, en partie en réduisant les niveaux de stress oxydatif et en protégeant les neurones contre les dommages (Hayakawa et al., 2007).

Cependant, il est important de noter que des études supplémentaires sont nécessaires pour évaluer pleinement les effets du CBD sur la mémoire et l’apprentissage, en particulier chez les humains.

Neuroprotection

Le CBD a démontré des propriétés neuroprotectrices dans plusieurs modèles de maladies neurodégénératives, telles que la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson et la sclérose en plaques (Fernández-Ruiz et al., 2013). Les mécanismes par lesquels le CBD exerce ces effets incluent la modulation de la neuroinflammation, la réduction du stress oxydatif et la régulation de l’homéostasie du calcium intracellulaire (Iuvone et al., 2009).

Bien que ces résultats soient prometteurs, des essais cliniques chez l’homme sont nécessaires pour déterminer si le CBD est un traitement efficace pour ces conditions.

III. Sécurité et effets secondaires

Le CBD est généralement considéré comme sûr et bien toléré par la plupart des personnes. Cependant, il peut provoquer des effets secondaires chez certains individus, tels que la somnolence, la diarrhée et les interactions médicamenteuses (Iffland & Grotenhermen, 2017). Il est important de consulter un professionnel de la santé avant d’utiliser le CBD, en particulier si vous prenez d’autres médicaments.

Conclusion

Les recherches actuelles suggèrent que le CBD affecte le cerveau de diverses manières, notamment en interagissant avec le système endocannabinoïde et d’autres systèmes de neurotransmetteurs. Les effets du CBD sur la cognition et les fonctions cérébrales sont complexes et peuvent inclure la réduction de l’anxiété, la modulation de la mémoire et l’apprentissage, et la neuroprotection. Cependant, des études supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents et les applications cliniques potentielles du CBD.

Références

Bisogno, T., Hanuš, L., De Petrocellis, L., Tchilibon, S., Ponde, D. E., Brandi, I., … & Di Marzo, V. (2001). Molecular targets for cannabidiol and its synthetic analogues: effect on vanilloid VR1 receptors and on the cellular uptake and enzymatic hydrolysis of anandamide. British journal of pharmacology, 134(4), 845-852.

Blessing, E. M., Steenkamp, M. M., Manzanares, J., & Marmar, C. R. (2015). Cannabidiol as a potential treatment for anxiety disorders. Neurotherapeutics, 12(4), 825-836.

Campos, A. C., Moreira, F. A., Gomes, F. V., Del Bel, E. A., & Guimaraes, F. S. (2012). Multiple mechanisms involved in the large-spectrum therapeutic potential of cannabidiol in psychiatric disorders. Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences, 367(1607), 3364-3378.

Fernández-Ruiz, J., Sagredo, O., Pazos, M. R., García, C., Pertwee, R., Mechoulam, R., & Martínez-Orgado, J. (2013). Cannabidiol for neurodegenerative disorders: important new clinical applications for this phytocannabinoid? British journal of clinical pharmacology, 75(2), 323-333.

Hayakawa, K., Mishima, K., Nozako, M., Ogata, A., Hazekawa, M., Liu, A. X., … & Fujiwara, M. (2007). Repeated treatment with cannabidiol but not Δ9-tetrahydrocannabinol has a neuroprotective effect without the development of tolerance. Neuropharmacology, 52(4), 1079-1087.

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Iuvone, T., Esposito, G., De Filippis, D., Scuderi, C., & Steardo, L. (2009). Cannabidiol: a promising drug for neurodegenerative disorders? CNS neuroscience & therapeutics, 15(1), 65-75.

Kozela, E., Lev, N., Kaushansky, N., Eilam, R., Rimmerman, N., Levy, R., … & Vogel, Z. (2017). Cannabidiol inhibits pathogenic T cells, decreases spinal microglial activation and ameliorates multiple sclerosis-like disease in C57BL/6 mice. British journal of pharmacology, 163(7), 1507-1519.

Mechoulam, R., Peters, M., Murillo-Rodriguez, E., & Hanus, L. O. (2007). Cannabidiol–recent advances. Chemistry & biodiversity, 4(8), 1678-1692.

Pertwee, R. G. (2008). The diverse CB1 and CB2 receptor pharmacology of three plant cannabinoids: Δ9-tetrahydrocannabinol, cannabidiol and Δ9-tetrahydrocannabivarin. British journal of pharmacology, 153(2), 199-215.

Russo, E. B., Burnett, A., Hall, B., & Parker, K. K. (2005). Agonistic properties of cannabidiol at 5-HT1a receptors. Neurochemical research, 30(8), 1037-1043.

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