Comment fonctionne le CBD ?

Le cannabidiol, ou CBD, est devenu de plus en plus populaire en raison de ses nombreux avantages potentiels pour la santé. Ce composé non psychoactif, présent dans la plante de cannabis, est utilisé pour traiter un large éventail de conditions, notamment l’anxiété, la douleur, l’épilepsie et les troubles du sommeil. Mais comment fonctionne exactement le CBD ? Cet article examine les mécanismes d’action du CBD, ses interactions avec le système endocannabinoïde et ses effets sur d’autres systèmes de signalisation dans le corps. Des références à la littérature scientifique sont incluses pour soutenir les affirmations, et une liste de références selon la méthodologie de Harvard est fournie à la fin de l’article.

Le système endocannabinoïde

Pour comprendre comment fonctionne le CBD, il est essentiel de connaître le système endocannabinoïde (SEC). Le SEC est un système de signalisation cellulaire présent dans tout le corps humain, impliqué dans la régulation de nombreuses fonctions physiologiques, telles que la douleur, l’humeur, l’appétit, le sommeil et la réponse immunitaire (1). Le SEC comprend trois éléments principaux : les endocannabinoïdes, les récepteurs aux cannabinoïdes et les enzymes responsables de la synthèse et la dégradation des endocannabinoïdes.

Les endocannabinoïdes sont des molécules naturellement produites par le corps, qui agissent comme des neurotransmetteurs et interagissent avec les récepteurs aux cannabinoïdes. Les deux endocannabinoïdes les plus étudiés sont l’anandamide (AEA) et le 2-arachidonoylglycérol (2-AG) (2).

Les récepteurs aux cannabinoïdes sont présents à la surface des cellules et sont impliqués dans la transmission de signaux dans tout le corps. Il existe deux types principaux de récepteurs aux cannabinoïdes, appelés CB1 et CB2. Les récepteurs CB1 sont principalement situés dans le cerveau et le système nerveux central, tandis que les récepteurs CB2 se trouvent principalement dans le système immunitaire et les tissus périphériques (3).

Les enzymes responsables de la synthèse et la dégradation des endocannabinoïdes régulent les niveaux de ces molécules dans le corps. Les principales enzymes impliquées sont la synthase de l’anandamide et la monoacylglycérol lipase (MAGL), qui dégradent respectivement l’AEA et le 2-AG (4).

Interactions du CBD avec le système endocannabinoïde

Le CBD est un cannabinoïde exogène, c’est-à-dire qu’il est produit à l’extérieur du corps. Contrairement au THC, le principal composé psychoactif du cannabis, le CBD n’a pas d’affinité élevée pour les récepteurs CB1 et CB2 et ne provoque pas d’euphorie ou d’effets intoxicants (5). Cependant, le CBD interagit de manière complexe avec le SEC, modulant ses fonctions et ses réponses.

Une des principales actions du CBD sur le SEC est d’inhiber la dégradation de l’anandamide (AEA) en agissant sur l’enzyme FAAH (6). En inhibant la FAAH, le CBD augmente les niveaux d’AEA, ce qui peut entraîner une réduction de la douleur, de l’anxiété et de l’inflammation.

Le CBD a également un effet modulateur sur les récepteurs CB1 et CB2. Il agit en tant qu’agoniste inverse sur les récepteurs CB1, ce qui signifie qu’il réduit plutôt que stimule l’activité des récepteurs (7). En ce qui concerne les récepteurs CB2, le CBD semble agir comme un agoniste partiel, exerçant des effets anti-inflammatoires et immunomodulateurs (8).

Interactions du CBD avec d’autres systèmes de signalisation

En plus de ses interactions avec le SEC, le CBD affecte également d’autres systèmes de signalisation dans le corps. Parmi ces systèmes, on trouve :

Le système sérotoninergique : Le CBD se lie aux récepteurs de la sérotonine 5-HT1A, qui sont impliqués dans la régulation de l’humeur, de l’anxiété et de la douleur (9). Cette interaction pourrait expliquer les effets anxiolytiques et antidépresseurs du CBD.

Le système vanilloïde : Le CBD interagit également avec les récepteurs vanilloïdes de type 1 (TRPV1), qui sont impliqués dans la perception de la douleur, de la chaleur et de l’inflammation (10). Cette interaction pourrait contribuer aux effets analgésiques et anti-inflammatoires du CBD.

Le système GABAergique : Le CBD module l’activité des récepteurs GABA-A, qui sont responsables de la transmission inhibitrice dans le système nerveux central (11). Cette modulation pourrait contribuer aux effets relaxants et anticonvulsivants du CBD.

Le système glutamatergique : Le CBD inhibe la libération du glutamate, un neurotransmetteur excitateur, en agissant sur les récepteurs NMDA (12). Cette action pourrait également contribuer aux effets neuroprotecteurs du CBD.

Effets du CBD sur la neuroplasticité et la neurogénèse

Le CBD a également été étudié pour son rôle dans la promotion de la neuroplasticité et la neurogénèse. La neuroplasticité faitréférence à la capacité du cerveau à changer et à s’adapter en fonction de l’expérience et de l’environnement, tandis que la neurogénèse est le processus de création de nouvelles cellules nerveuses (13).

Le CBD favorise la neuroplasticité en modulant l’activité des récepteurs NMDA et en régulant l’équilibre entre les neurotransmetteurs inhibiteurs et excitateurs (14). De plus, le CBD favorise la neurogénèse en stimulant la prolifération et la survie des cellules souches neuronales dans l’hippocampe, une région du cerveau impliquée dans la mémoire et l’apprentissage (15).

Ces effets sur la neuroplasticité et la neurogénèse pourraient contribuer aux effets bénéfiques du CBD sur diverses affections neurologiques, telles que la dépression, l’anxiété, l’épilepsie et la maladie d’Alzheimer.

Conclusion

Le CBD est un composé naturel présent dans la plante de cannabis qui exerce ses effets en interagissant de manière complexe avec le système endocannabinoïde et d’autres systèmes de signalisation dans le corps. Les mécanismes d’action du CBD sont variés et incluent la modulation des récepteurs aux cannabinoïdes, la sérotonine, les récepteurs vanilloïdes et GABA-A, ainsi que la promotion de la neuroplasticité et la neurogénèse. La compréhension de ces mécanismes peut aider à développer de nouvelles thérapies à base de CBD pour traiter diverses conditions médicales.

Références

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Pertwee, R. G. (2006) ‘The pharmacology of cannabinoid receptors and their ligands: an overview’, International Journal of Obesity, 30(S1), pp. S13-S18.

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Pertwee, R. G. (2008) ‘The diverse CB1 and CB2 receptor pharmacology of three plant cannabinoids: Δ9-tetrahydrocannabinol, cannabidiol and Δ9-tetrahydrocannabivarin’, British Journal of Pharmacology, 153(2), pp. 199-215.

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Kolb, B. et Whishaw, I. Q. (2018) ‘Brain plasticity and behavior’, Annual Review of Psychology, 69, pp. 169-198.

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Wolf, S. A. et al. (2010) ‘Cannabinoid receptor CB1 mediates baseline and activity-induced survival of new neurons in adult hippocampal neurogenesis’, Cell Communication and Signaling, 8(1), pp. 12.

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