Introduction
Le cannabidiol (CBD) et le cannabigérol (CBG) sont deux cannabinoïdes présents dans la plante de cannabis, connus pour leurs propriétés médicinales et thérapeutiques (Pertwee, 2006). Avec l’essor de l’industrie du cannabis légal, ces deux composés suscitent un intérêt croissant pour leurs applications potentielles. Cet article a pour objectif de comparer et de mettre en lumière les principales différences entre le CBD et le CBG, ainsi que leurs effets sur la santé humaine.
Structure chimique et origine
Le CBD et le CBG sont tous deux des phytocannabinoïdes, des composés chimiques naturels présents dans la plante de cannabis (Mechoulam & Hanuš, 2000). Leur structure chimique est similaire, mais ils se différencient par leur origine. Le CBG est le précurseur du CBD et d’autres cannabinoïdes, tels que le tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabichromène (CBC) (Shoyama et al., 1975). En d’autres termes, le CBG est converti en CBD, THC et CBC au fur et à mesure que la plante de cannabis mûrit (Cascio & Pertwee, 2014). Cela explique pourquoi le CBG est généralement présent en plus faible concentration dans la plante que le CBD.
Interactions avec les récepteurs cannabinoïdes
Les cannabinoïdes interagissent avec le système endocannabinoïde (ECS) du corps humain, un réseau de récepteurs et de neurotransmetteurs impliqués dans la régulation de diverses fonctions biologiques (Pertwee, 2006). Les récepteurs cannabinoïdes les plus étudiés sont les récepteurs CB1 et CB2.
Le CBD a une affinité relativement faible pour les récepteurs CB1 et CB2, agissant principalement comme un modulateur allostérique négatif (Laprairie et al., 2015). Cela signifie qu’il peut réduire l’activité de ces récepteurs sans les activer directement. De plus, le CBD peut également interagir avec d’autres récepteurs non-cannabinoïdes, tels que les récepteurs TRPV1 et 5-HT1A, qui sont impliqués dans la douleur et l’anxiété, respectivement (Russo, 2011).
Le CBG, en revanche, a une affinité plus élevée pour les récepteurs CB1 et CB2, bien qu’il agisse principalement comme un agoniste partiel de ces récepteurs (Cascio & Pertwee, 2014). Cela signifie que le CBG peut activer les récepteurs CB1 et CB2, mais avec une efficacité moindre que les agonistes complets comme le THC. Le CBG interagit également avec d’autres récepteurs non-cannabinoïdes, comme le récepteur α2-adrénergique (Cascio & Pertwee, 2014).
Effets pharmacologiques et thérapeutiques
Le CBD et le CBG ont tous deux des effets pharmacologiques et thérapeutiques sur le corps humain, bien que leurs mécanismes d’action et leurs applications spécifiques puissent varier.
3.1. Effets du CBD
Le CBD est principalement connu pour ses propriétés anti-inflammatoires, analgésiques, anticonvulsivantes, anxiolytiques et antipsychotiques (Iffland & Grotenhermen, 2017). Ses applications thérapeutiques incluent :
- Épilepsie : Le CBD a été approuvé pour le traitement de certaines formes d’épilepsie résistantes aux médicaments, comme le syndrome de Dravet et le syndrome de Lennox-Gastaut (Devinsky et al., 2017).
- Douleur chronique : Le CBD est utilisé pour soulager la douleur associée à diverses conditions, telles que la fibromyalgie, l’arthrite et la sclérose en plaques (Lynch & Ware, 2015).
- Anxiété et dépression : Le CBD a montré des effets anxiolytiques et antidépresseurs dans des études précliniques et cliniques (Blessing et al., 2015).
- Schizophrénie : Le CBD a démontré des effets antipsychotiques prometteurs pour le traitement de la schizophrénie et d’autres troubles psychotiques (Boggs et al., 2018).
3.2. Effets du CBG
Le CBG a également des propriétés anti-inflammatoires, analgésiques et neuroprotectrices, bien que les études sur ses effets thérapeutiques soient moins nombreuses que celles sur le CBD (Cascio & Pertwee, 2014). Parmi les applications potentielles du CBG, on trouve :
- Maladies inflammatoires de l’intestin : Le CBG a montré des effets anti-inflammatoires bénéfiques dans des modèles animaux de colite (Borrelli et al., 2013).
- Maladies neurodégénératives : Le CBG a démontré des effets neuroprotecteurs dans des modèles animaux de maladies neurodégénératives, comme la maladie de Huntington (Valdeolivas et al., 2015).
- Glaucome : Le CBG pourrait contribuer à réduire la pression intraoculaire associée au glaucome, bien que davantage de recherches soient nécessaires pour confirmer cet effet (Colasanti et al., 1984).
Effets secondaires et sécurité
Le CBD est généralement considéré comme sûr et bien toléré, avec peu d’effets secondaires rapportés (Iffland & Grotenhermen, 2017). Les effets secondaires les plus courants incluent la somnolence, la diarrhée, la fatigue et des changements d’appétit (MacCallum & Russo, 2018). Le CBD n’est pas psychoactif et ne provoque pas de « high » comme le THC (Mechoulam & Hanuš, 2000).
Le CBG est également considéré comme sûr et non-psychoactif, mais les données sur ses effets secondaires sont limitées en raison du manque d’études cliniques (Cascio & Pertwee, 2014). Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer pleinement le profil de sécurité et la tolérabilité du CBG chez l’homme.
Conclusion
Le CBD et le CBG sont deux cannabinoïdes présents dans la plante de cannabis, avec des structures chimiques similaires, mais des origines et des mécanismes d’action différents. Les deux composés ont des effets pharmacologiques et thérapeutiques prometteurs, bien que le CBD soit plus étudié et largement utilisé que le CBG. Les effets secondaires et les interactions médicamenteuses potentiels de ces cannabinoïdes doivent être pris en compte lors de leur utilisation. À mesure que la recherche sur le cannabis et les cannabinoïdes progresse, de nouvelles applications thérapeutiques pour le CBD et le CBG pourraient être découvertes, offrant de nouvelles options de traitement pour diverses conditions médicales.
Références
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